Page:Asselineau - Le Livre des sonnets.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Eſturville. On le retrouve dans quelques exemplaires de l’édition originale d’Œdipe.

Le XIe vers rappelle deux vers des Entretiens ſolitaires de Brébeuf, ceux qui terminent les Déſirs de couverſion :


Que toute mon étude & toute mon envie
Soit de vous envoyer mes ſoupirs nuit & jour,
Et que le dernier de ma vie
Soit encore vn ſoupir d’amour.

Il eſt bien étrange que Brébeuf ait mis ce même ſonnet, avec quelques variantes, dans ſes Poëſies diverſes de 1658 & 1662 & dans ſes Éloges poétiques de 1661. Voici le texte de l’édition de 1658 :


ÉPITAPHE.


Ne verſe point de pleurs ſur cette ſepulture,
Tu vois de Leonor le tombeau precieux,
Où giſt d’vn corps tout pur la cendre toute pure,
Mais la vertu du cœur vit encore en ces lieux.

Auant que de payer les droits à la nature,
Son eſprit s’éleuant d’vn vol audacieux,
Alloit au Créateur vnir la Creature,
Et marchant ſur la terre elle eſtoit dans les Cieux.

Les Pauures bien mieux qu’elle, ont ſenty fa richeſſe,
Ne chercher que Dieu ſeul fut ſa ſeule allegreſſe,
Et ſon dernier ſoupir fut vn ſoupir d’amour.

Paſſant : qu’à ſon exemple vn beau feu te tranſporte,
Et loin de la pleurer d’auoir perdu le iour,
Cray qu’on commence à viure en mourant de la ſorte.