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des sonnets


Révolte




Car les bois ont auſſi leurs jours d’ennui hautain,
Et, las de tordre au vent leurs grands bras ſéculaires,
S’enveloppent alors d’immobiles colères ;
Et leur mépris muet inſulte leur deſtin.

Ni chevreuils, ni ramiers chanteurs, ni ſources claires.
La forêt ne veut plus ſourire au vieux matin,
Et, refoulant la vie aux plaines du lointain,
Semble arborer l’orgueil des douleurs ſans ſalaires.

— Ô bois ! premiers enfants de la terre, grands bois !
Moi, dont l’âme en votre âme habite & vous contemple,
Je ſens les piliers prêts à maudire le temple ;

Un jour, demain peut-être, arbres aux longs abois !
Quand le banal printemps ramènera nos fêtes,
Tous, vous reſterez noirs, des racines aux faîtes !


Léon Dierx.