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le livre


Sonnet




Pour veiner de ſon front la pâleur délicate,
Le Japon a donné ſon plus limpide azur ;
La blanche porcelaine eſt d’un blanc bien moins pur
Que ſon col tranſparent & ſes tempes d’agate ;

Dans ſa prunelle humide un doux rayon éclate ;
Le chant du roſſignol près de ſa voix eſt dur,
Et, quand elle ſe lève à notre ciel obſcur,
On dirait de la lune en ſa robe d’ouate ;

Ses yeux d’argent bruni roulent moelleuſement ;
Le caprice a taillé ſon petit nez charmant ;
Sa bouche a des rougeurs de pêche & de framboiſe ;

Ses mouvements ſont pleins d’une grâce chinoiſe,
Et près d’elle on reſpire autour de ſa beauté
Quelque choſe de doux comme l’odeur du thé.


Théophile Gautier.