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le livre


Pour Mademoiſelle C.




Sève, qui peins l’objet dont mon cœur ſuit la loy,
Son pouvoir ſans ton art aſſez loin peut s’eſtendre ;
Laiſſe en paix l’Univers, ne luy va point apprendre
Ce qu’il faut ignorer ſi l’on veut eſtre à ſoy.

Auſſi bien manque-t-il icy je ne ſçais quoy
Que tu ne peus tracer, ny moy le faire entendre ;
J’en conſerve les traits qui n’ont rien que de tendre ;
Amour les a formez, plus grand peintre que toy.

Par d’inutiles ſoins pour moy tu te ſurpaſſes ;
Clarice eſt en mon ame avec toutes ſes graces ;
Je m’en fais des Tableaux ou tu n’as point de part :

Pour me faire ſans ceſſe adorer cette Belle,
Il n’eſtoit pas beſoin des efforts de ton art,
Mon cœur ſans ce Portrait ſe ſouvient aſſez d’elle.


Jean de La Fontaine.