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LE SOU DE LA PENSÉE FRANÇAISE

me national, le castor ; serions-nous plus patriotes, et ne serions-nous pas au contraire plus ridicules, en exhibant le 24 juin par les rues un de ces quadrupèdes ?

Même un enfant et un agneau peuvent faire un joli effet héraldique ; et si cela peut arranger les choses, et puisque notre race est ramenée par les événements à la période héroïque de son histoire, je consens à repousser comme sujet de bannière le labarum inspirateur de victoires pour l’agneau inspirateur de sacrifices. Mais quand, pour satisfaire la volonté philistine d’un président ou d’un secrétaire de section, on promène toute une matinée sous un soleil brûlant, au risque de le rendre idiot pour la vie, un joli petit enfant qui n’a fait de mal à personne et à qui, neuf fois sur dix, la tête tournera de toute manière ; quand, à cet enfant, l’on adjoint un agneau qui, se fichant de son rôle comme le poisson, en pareille occurence, se ficherait du sien, lève la queue, se soulage et fait  ; et que, derrière cet enfant et cet agneau, on permet à un papa bouffi d’orgueil d’étaler sa gloire d’engendreur en ayant l’air de dire à chaque coup de chapeau : « L’agneau, le voilà ; mais le bélier c’est moi ! », — si je veux bien ne pas mettre en doute la sincérité de ceux qui m’invitent à saluer, au nom du patriotisme, ce triste et bouffon spectacle, je veux aussi, sans manquer de respect ni à la Religion ni à la Patrie, pouvoir m’écrier : Ce gosse qui fourre nerveusement ses doigts dans son nez et qui, pour des raisons faciles à deviner, ne demande qu’à retourner au plus tôt à la maison, ce n’est pas saint Jean, c’est l’enfant d’un épicier de Sainte-Cunégonde ! (…)

On a dit que c’était M. Langlois qu’avait visé Monseigneur.

Je ne suis pas M. Langlois, je me suis déjà exprimé clairement sur M. Langlois et certaines de ses idées. Qu’on parcoure cependant le Nationa-