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VIEUX GÂTEUX



À CINQ ou six piastres du pied, les vingt ou vingt-cinq mille pieds carrés que mesure l’emplacement de l’Université Laval, rue Saint-Denis, sont richement payés ; et cela ne fait encore au maximum que cent cinquante mille piastres. Quant à l’édifice, il n’est aménagé ni pour le commerce ni pour l’industrie ; même pour y installer une bibliothèque, il faudrait y faire des travaux coûteux ; il faudra le démolir pour donner au terrain toute sa valeur et cette valeur, en mettant les choses au mieux, ne saurait, sur une longue période d’années, croître plus vite qu’un capital placé à 5 ou 6 pour cent.

D’un autre côté, nul n’ignore que l’emplacement actuel de l’Université est un des principaux obstacles au développement de l’institution. En voyant, dans cette atmosphère bruyante et malsaine, cette grande boîte de pierre qui malgré son prétentieux péristyle pourrait tout aussi bien être une fabrique de tabacs, l’étranger de passage parmi nous se demande comment des gens intelligents ont pu mettre là le siège d’un enseignement que tous les peuples civilisés, depuis les Grecs, ont cru devoir établir dans un milieu de recueillement et de santé morale. On se préoccupe un peu partout, à Montréal comme ailleurs, depuis quelque temps, de sauver par l’air, par l’eau et par la lumière les petits