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ENSEIGNEMENT GRATUIT ET OBLIGATOIRE

contrainte portera-t-elle atteinte à leur droit naturel ? Et si, n’ayant aucune raison matérielle ou morale de ne pas les y envoyer, ils veulent cependant les tenir dans l’ignorance, quelle considération, dites-moi, méritent de pareilles brutes ?

Notez bien que je ne prêche pas, que je n’ai jamais prêché l’instruction gratuite et obligatoire. Je me suis fait, comme directeur du Nationaliste, une ligne de conduite de ne pas prendre d’attitudes que, même à tort, même par ignorance ou par une interprétation trop étroite des lois de l’Église, certains de nos lecteurs pourraient trouver répréhensibles. De plus, je ne suis pas loin de croire que s’il est vrai, comme l’affirme M. Magnan, que la fréquentation scolaire atteint dans la province de Québec un chiffre inconnu partout ailleurs, il n’y a probablement pas lieu de charger nos statuts d’une loi qui resterait lettre morte ; que, d’autre part, la gratuité mise en pratique par des députés que l’on achète pour cinquante, quarante, trente et vingt dollars, finirait probablement par être coûteuse.

L’idée que j’ai voulu affirmer en ouvrant les colonnes du Nationaliste à M. Germain Beaulieu, c’est qu’un système d’enseignement n’est pas maçonnique parce qu’il prend fantaisie à un fou quelconque de le prétendre.

C’est qu’on n’est pas plus tenu d’écouter les philippiques du H. P. Ruhlman contre l’instruction gratuite et obligatoire qu’on n’est tenu de croire avec le R. P. Hamon[1] que l’enfer est au centre de la terre et qu’après le jugement dernier nous nous promènerons dans les espaces célestes en corps et en âme.

C’est que dans une ville où il existe une dizaine de journaux, il devrait être possible à un honnête

  1. « Au-delà du tombeau »