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coutimi pour juger les hommes et les choses de la France d’il y a trois quarts de siècle avec les lunettes dont se sert Mgr Labrecque pour éplucher un article du Soleil.

Pour ignorer que Guizot, s’il eut le malheur de naître protestant, gouverna cependant la France pendant dix ans du consentement des catholiques, à cause de sa droiture et de sa largeur de vues, et rendit à l’Église, dans son ouvrage sur les origines de la France politique, un hommage dont bien des catholiques n’auraient pas été capables ;

Que si Sainte-Beuve fut un coquin, on ne trouverait pas ses écrits chez tous les hommes qui se piquent de prendre, intellectuellement parlant, au moins un bain par année ;

Que si Villemain n’aimait point les Jésuites, il en fut moins responsable que son époque, qui vit également en guerre plus ou moins ouverte contre les « noirs » le futur cardinal de Bonnechose, le père Ventura, Monseigneur Dupanloup, et the last mais pas le plus petit agneau de la troupe, l’aventurier politique Rossi, mort peu de temps après au service de Pie IX et dans le sein du Seigneur ;

Que si les ouvrages historiques de Thiers ne manquent pas de choquer le sens religieux des catholiques qui voient la main de la Providence jusque dans la nomination d’un policeman et l’écrasement d’un caniche, cet auteur n’est pas le seul dont la lecture est dangereuse pour la jeunesse puisque, dans les divers collèges de Chicoutimi dont notre province est affligée, on interdit aux élèves la lecture du grand Rohrbacher et de Cantu, deux auteurs catholiques.

Si, par malheur, le fanatisme et l’ignorance qui sévissent à Chicoutimi débordaient sur le reste du monde catholique, dans certaines maisons d’éducation classique on ne lirait plus Mgr Dupanloup, parce que Veuillot a dit de ce prélat cent fois pis