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LA GRÈVE DE L’INTERNAT

pas de protestations plus vives que celle de deux députés juifs à l’Assemblée législative de Québec, MM. Cohen et Bercovitch. Il y a un an ou deux, un médecin canadien-français attaché à Notre-Dame, le Dr Gariépy, désirait se perfectionner dans le traitement du diabète : admis par faveur à suivre à l’Hôpital Général la clinique du Dr Rabinovitch (proche parent du jeune interne de Notre-Dame), il bénéficia pendant huit mois des leçons de ce maître, universellement reconnu comme une autorité en la matière. La Faculté de médecine de l’Université de Montréal, d’où viennent les stagiaires et tous les médecins internes de Notre-Dame, reçoit de la Fondation Rockefeller une subvention annuelle de $25,000, avec la promesse conditionnelle d’une dotation d’un million ; or, le conseil médical de la Fondation Rockefeller a comme président un Juif, le Dr Flexner. Notre-Dame compte d’ailleurs parmi ses gouverneurs un négociant juif qui s’est toujours montré généreux envers les œuvres de bienfaisance canadiennes-françaises, M. Lyon Cohen. L’hôpital avait donc des raisons toutes particulières de ne pas refuser les services, virtuellement gratuits, du Dr Rabinovitch.

À supposer que la présence du Dr Rabinovitch non pas à un poste de direction comme l’ont prétendu certaines canailles de patriotisme professionnel, mais à de modestes fonctions de médecin auxiliaire, c’est-à-dire de serviteur, portât atteinte au caractère moral de l’hôpital, l’ouverture prochaine d’un hôpital israélite, les protestations de l’internat contre l’engagement d’un médecin juif, auraient sans doute suffi pour rétablir à Notre-Dame, dès l’année prochaine, le caractère exclusivement catholique et français de son personnel. Au reste, la simple supposition qu’un conseil médical composé du Dr Bourgeois, du Dr Albert Le-