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III considéraient cette législation comme le seul moyen de détourner la nouvelle colonie de l’insurrection imminente. Exposer toutes les pièces du procès serait trop long, mais je puis vous y renvoyer : elles vous convaincront que la thèse fantaisiste et caduque n’est pas celle de l’abbé Groulx. Au reste, s’il est vrai que le passé éclaire le présent, il est non moins vrai que le présent éclaire le passé. Rien de plus constant à travers l’histoire que l’instinct et les caractéristiques des races. De notre temps l’Angleterre règle toute sa politique sur l’intérêt, sans jamais cesser de vanter son désintéressement : y a-t-il lieu de supposer qu’elle agissait différemment en 1774 ? Au vingtième siècle l’Anglais nous insulte et nous brutalise tant qu’il n’en souffre pas lui-même ou qu’il y trouve son compte ; à la moindre menace d’une législation douanière qui sauverait peut-être notre agriculture mais entamerait un peu ses plantureux dividendes, il tourne vers nous son cœur enfermé dans les majestueux bureaux de la Banque de Montréal : n’est-il pas raisonnable d’imaginer qu’il en usait de même il y a un siècle et demi ? L’abbé Groulx n’est pas insensible aux faits. Il ne repousse pas de parti pris ceux qui sont à l’honneur et au mérite de l’Anglais. Il admet en dépit de Garneau l’équité à peu près parfaite de l’administration judiciaire sous le régime militaire. Dans ses Luttes constitutionnelles — le premier en date de ses ouvrages historiques, il