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colon ou du soldat arrête leur attention. Pourtant, il y avait du bon dans cet état de civilisation, dans ce système de gouvernement. La noblesse seigneuriale, le clergé, l’administration, encadraient une société respectueuse de ses chefs, mais en réalité très démocratique. Ce n’est pas sans raison que Louis XIV en personne intervient pour interdire à Frontenac d’implanter à Québec les cérémonies de la cour : il sent bien que cet apparat ne recevra jamais la faveur de la colonie. À la conquête, presque toutes les hautes charges administratives, y compris celle de gouverneur, sont remplies par des Canadiens ; depuis longtemps le Conseil souverain ne se recrute plus qu’au pays. La modicité des droits seigneuriaux rapproche la condition sociale du seigneur de celle du censitaire ; surtout, ces droits sont fixés par le roi dans le titre de seigneurie, contrairement à ce qui se passe dans les îles britanniques, où la censive française s’est transformée en copyhold ou bail à ferme dont le landlord peut à son gré modifier périodiquement les conditions. Le seigneur est tenu de concéder, et aux conditions stipulées par le roi. Une loi très sage empêche les colons de subdiviser leurs concessions en terres de moins d’un arpent et demi de largeur, ce qui accélère la colonisation des terres nouvelles. L’intendant tient la main ferme à ce que le colon fasse dans les délais prescrits les défrichements obligatoires. Fondée plutôt sur l’équité et le bon sens que sur