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bourre de soupe, de viande, de desserts. Pour manger, il va chez les hommes : pour se distrai on dirait qu’il les sent moins égoïstes, plus près des bêtes ; mais il passe ses soirées et ses dimanches chez les officiers, car c’est un chien de gentlemen. Comme il n’a pas rer appris de catéchisme ni aucune espèce de bible, il aime également les catholiques, les juifs, les protestants ; et tout le monde le lui rend. On a remarqué qu’il montrait même dans la plupart des choses beaucoup plus d’esprit que ses maîtres. Il y a aussi au mess un gros chat noir, qui ne veut pas le voir (car les chats ne sont jamais aussi bons que les chiens) : lui, Marion, au lieu de chercher chicane à ce vilain chat, il l’évite ; quand le major DeSerres ou un autre, pour s’amuser, le souque contre lui, il fait semblant de rugir, de le mordre, x? mais il ne lui touche jamais.

Il est très propre. De temps en temps on le conduit sous les douches, pour le laver. Pendant qu’on le savonne et que l’eau lui tombe sur le dos, il reste immobile sur son derrière, happant avec sa langue l’eau qui lui coule au bord des lèvres. Le soir, il vient demander l’hospilatépour la nuit aux officiers, tantôt dans une chambre, tantôt dans l’autre, en battant de la queue contre la porte, avec une espèce de gémissement. si S’il ressent durant la nuit un petit besoin, il fraffe avec sa queue la chaudière aux vidanges, jusqu’à ce qu’on lui ouvre la porte. L’autre jour, un soldat qui avait retiré sur sa solde quinze shillings, c’est-à-dire $3.75, acheta, au prix de cinq shillings, un flacon de parfum, parfuma Marion des pieds à la tête, et l’emmena se promener en ville avec lui. Tu peux t’imaginer si le bon Marion était content ! celà te montre combien il est +