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LE THÉATRE ET SON DOUBLE

Il n’est pas mauvais dans ce but de connaître quelques points de localisation.

L’homme qui soulève des poids, c’est avec ses reins qu’il les soulève, c’est d’un déhanchement des reins qu’il étaye la force multipliée de ses bras ; et il est assez curieux de constater qu’inversement tout sentiment féminin et qui creuse, le sanglot, la désolation, le halètement spasmodique, la transe, c’est à hauteur des reins qu’il réalise son vide, à la place même où l’acupuncture chinoise diffuse les engorgements du rein. Puisque la médecine chinoise ne procède que par vide et par plein. Convexe et concave. Tendu relâché. Yin et Yang. Masculin féminin.

Un autre point rayonnant : le point de la colère, de l’attaque, de la morsure, c’est le centre du plexus solaire. C’est là que s’appuie la tête pour lancer moralement son venin.

Le point de l’héroïsme et du sublime est aussi celui de la culpabilité. Celui où l’on se frappe la poitrine. L’endroit où bout la colère, celle qui rage et n’avance pas.

Mais là où la colère avance la culpabilité recule ; c’est le secret du vide et du plein.

Une colère suraiguë et qui s’écartèle commence par un neutre claquant et se localise sur le plexus par un vide rapide et féminin, puis bloquée sur les deux omoplates se retourne comme un boomerang et jette sur place des flammèches mâles, mais qui se consument sans avancer. Pour perdre leur accent mordant elles conservent la corrélation du souffle mâle : elles expirent avec acharnement.

Je n’ai voulu donner que des exemples autour des quelques principes féconds qui font la matière de cet écrit technique. D’autres dresseront s’il en ont le temps la complète anatomie du système. Il y a 380 points dans l’acupuncture chinoise, dont 73 principaux et qui ser-