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 je rompais, je brisais, or la jaune, or la blanche,
ores la purpurce, et mon estoc qui tranche
faisait cîe tous côtés un carnage piteux
des plantes qu’aujourd’huy désirent tant mes yeux,
et, conduit par ma main, épanchait à merveilles
or deçà, or delà ces ursines oreilles.

Notre poète est bien du 16e siècle par son goût prononcé pour les idées générales, qui l’aident plus d’une fois à reculer les bornes de son si étroit horizon ; nous oyons de curieux développements sur la grâce de la forme ronde dans l’univers, sur la nécessité du commerce par lequel Dieu a beaucoup ajouté à l’agrément de la vie humaine, etc… Le sens religieux de Contant se dévoile lorsqu’il finit par un véritable sermon le chapitre des monstres : ils ne seraient pas, si nous aimions Dieu davantage, Dieu qui, pour tant de bienfaits,

 
ne veut rien
qu’un cœur tout pénitent, qu’un cœur d’obéissance,
qu’un cœur humble, un cœur doux plein de sa connaissance,

Enfin le poète trahit encore ici une sensibilité vive, et ses amis comme ses ennemis revivent, dans son Jardin et Cabinet poétique : parmi les fleurs et les animaux empaillés, après la trinitaire, le poète trouve le moyen de célébrer ses huit amis, le parent de la Fontaine, Pidoux,

 grand d’esprit, grand de corps, d’honneur et de moyens,

(il eût pu ajouter : grand de nez, comme toute la