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sités, le musée des horreurs, que l’on baptiserait aujourd’hui tératologie : enfants joints (comme l’on a vu depuis les frères Siamois), agneau n’ayant qu’un œil, pigeon à deux têtes, chien et chat à sept pieds chacun. Telles sont les curiosités, rares et précieuses pour l’époque, qui valaient à notre apothicaire de nombreuses et d’illustres visites, dont il ne manque point de se targuer : des parents d’électeurs de l’Empire, le plus célèbre Poitevin de l’époque, le poète latin Scévole de Sainte-Marthe, le prince de Condé lui-même, père du futur vainqueur de Rocroy et gouverneur du Poitou, à qui il en profite pour dédier ses Œuvres complètes, un an avant sa propre mort, 1628, en reproduisant largement sur un nouveau frontispice les armes fleurdelisées du prince sur un manteau d’hermine.

Faire entrer tout ce pêle-mêle en vers, et en vers poétiques, constituait une entreprise particulièrement malaisée, et nous devons avouer que Contant n’y a que médiocrement réussi. Il n’était guère soutenu que par sa naïve vanité de posséder tant de merveilles .

Le poète qui était réellement en lui dut reprendre avec un vrai soulagement la fin du catalogue de plantes : les fritillaires encore, l’aconit, l’ellébore, dont il conseille à ses ennemis d’ « entourner leur teste mal timbrée », le solanum (la pomme de terre) qu’il salue prophétiqiiement avec émotion et dont l’Américain fait ses délices,