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  des bouillons Ambrosins de la source Hypocrène,
pour chanter, à jamais enyvré de votre eau,
les singularitez…
que l’on voit aujourd’hui paraistre par merveilles
dedans mon cabinet plein de choses nouvelles,
que l’Inde, le Péru, que le Nil, que le Nord,
ont jette par faveur sur le bigarré bord
du Clain, profond ruisseau : où la faveur divine
m’a fait en cet endroit favorable Lucine.

Par cette sublime entrée en scène Contant semble chercher à s’étourdir sur l’aridité de sa nouvelle matière, qui a grand besoin, en effet, d’être arrosée du « nectar Pythien » ; après quoi, commençant par « le pleureux Crocodile », il passe en revue, avec des apostrophes parfois assez vives, les 43 curiosités de son cabinet : serpent qui a 13 pieds de longueur, squale, hérisson de mer, esturgeon ou créac, poissons en boule, ou qui ont les yeux au-dessus de la tête (orbis et uranoscopes), espadons, oursin, étoile de mer, tortue de mer, énorme cétacé appelé renard marin, porcépic marin, lézard crété, salamandre, caméléon, hippocampe, grenouille pêcheuse (qu’il appelle pécheresse), cloporte médical, tatou, chauve-souris géante ; — quelques oiseaux : flamant rose, gelinotte des Pyrénées, vautour d’Amérique, manucode ; — quelques objets curieux, qu’il dut acquérir par l’intermédiaire de M.  du Mont ou de Monts, gouverneur, depuis 1603, de la Nouvelle-France[1] : un fruit d’Amérique nommé Maracas une pirogue ou « canoé »[2] ; enfin les monstruo-

  1. Il l’inscrit au nombre de ses donateurs.
  2. Nom anglais du canot.