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QUELQUES POÈTES

 
et quand la nuit à son aise il sommeille,
une trompette en sursaut ne l’éveille,
pour renvoyer du lit au monument.

4. L’ambition son courage n’attise ;
d’un fard trompeur son âme il ne déguise,
il ne se plaît à violer sa foi ;
des grands seigneurs l’oreille il n’importune
mais en vivant content de sa fortune,
il est sa cour, sa faveur et son roi.

. . . . . . . . . . . . . . .

 
10. Que de plaisir devoir deux colombelles,
bec contre bec, en trémoussant des ailes,
mille baisers se donner tour à tour,
puis, tout ravi de leur grâce naïve,
dormir au frais d’une source d’eau vive,
dont le doux bruit semble parler d’amour !

11. Que de plaisir de voir sous la nuit brune,
quand le soleil a fait place à la lune,
au fond des bois les nymphes s’assembler,
montrer au vent leur gorge découverte,
danser, sauter, se donner cotte-verte,
et sous leur pas tout l’herbage trembler !

. . . . . . . . . . . . . . .

 
13. Le bal fini, je dresse en haut la vue,
pour voir le teint de la lune cornue,
claire, argentée, et me mets à penser
au sort heureux du pasteur de Latmie.
Lors je souhaite une aussi belle amie,
mais je voudrais en veillant l’embrasser.

. . . . . . . . . . . . . . .

 
15. Douces brebis, mes fidèles compagnes,
haies, buissons, forêts, prés et montagnes,
soyez témoins de mon contentement !
Et vous, ô dieux ! faites, je vous supplie,
que cependant que durera ma vie,
je ne connaisse un autre changement.