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QUELQUES POÈTES

l’on y peut mener, ornée par l’amour et l’amitié, charmée par les divertissements naturels comme la chasse et la pêche… Ces aspirations vagues, qui ne savaient pas encore bien s’exprimer toutes seules, s’attachèrent avidement à l’épode d’Horace : on la lut, on la traduisit, on l’imita en vers, en y joignant des souvenirs des Géorgiques, en la paraphrasant longuement au moyen de mille traits empruntés au château ou à la chaumière française, et la pièce latine donna naissance à un courant abondant de poésie rustique.

En 1583, la librairie Lucas Breyer eut l’idée de rassembler les principales pièces de ce genre et d’en faire un tout petit volume destiné apparemment à être glissé dans la doublure du pourpoint des hommes d’armes et à les rafraîchir un instant entre deux combats.

Le volume s’ouvrait par « Les Plaisirs du gentilhomme champêtre, de Nicolas Rapin, Poitevin », charmant tableau où figure le campagnard avec sa femme, ses enfants, ses amis, qui viennent passer avec lui les jours de fêtes, le tout paré d’aimables détails tels que la première grappe de raisin suspendue au grand autel, le jour de la Sainte-Madeleine… Puis, à la suite des Quatrains de Pibrac, naïf résumé de la sagesse, viennent Les Plaisirs de la Vie rustique du même ; c’est une nouvelle variation sur le sujet, qui nous montre la vie de Colin et de Marion jusque dans le détail familier, vie de travail et d’amour, coupée régulièrement de pieuses prières :