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simplement, sobrement, sans un débordement excessif de sentimentalité ou de fantaisie romantiques ? Ce n’est pas M. Jean Richepin dans Le Chemineau par exemple. Les Laboureurs de Lamartine, la Pernette de Laprade, quelques parties savoureuses des romans champêtres de George Sand, certaines strophes ensoleillées de Mistral, Les Chants du paysan, un peu frustes, mais sincères, de Paul Déroulède, sont des diamants d’une eau claire et rare dans notre littérature. Nous ne pouvons saluer un rural dans Brizeux,. encore que son épopée des Bretons contienne quelques accents campagnards bien plus vifs que sa célèbre Marie : mais l’on sent trop qu’il aime à se retremper dans les choses de la Bretagne, à son retour de Paris ou de l’Italie, en névrosé de la ville qui vient passer quelques jours au grand air. Il est bien une école moderne, celle des Clovis Hugues et des François Fabié, qui chante avec bonheur parfois notre sol de France ; mais elle nous touche par une sorte d’attendrissement de panthéistes en face de la terre saluée comme la grande nourricière qui produit éternellement des germes. Nous devons en excepter M. Gustave Zidler, dont l’inspiration sensée et chrétienne se penche fraternellement, dans la Terre Divine (la terre de France), vers les choses de la campagne qu’il aime en raison de toutes les âmes d’humbles qui y coopèrent[1].

  1. On y peut joindre quelques traits de peinture de l’exploitation rurale dans Voltaire [Epître de V Agriculture et surtout la lettre du 7 juin 1769 à M. Dupont sur les Saisons de Saint-Lambert).