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et quel repos « Daphnis » a rencontrés dans les grands bois paternels et dans les prairies de son enfance ? nous en avons au passage noté l’expression dans son œuvre élégiaque. Mais chaque fois aussi, il est retourné à ce foyer de la cour qui lui fait mal et qui l’attire, vers les courtisans et les coquettes, vers l’attente découragée de la guerre éternellement fuyante. C’en est fait à présent. Jamais la campagne ne lui est apparue avec une aussi lumineuse clarté, comme le terme désiré, le port où va se ranger sa barque ballottée, le lieu béni où s’épanouiront à l’aise son esprit et son cœur. Là enfin, plus d’intrigues, plus de complots criminels, plus de révolutions de la faveur, de servitude ni d’insolence, plus d’orgueilleux ni d’hypocrites, mais le calme, la sérénité, les plaisirs simples des champs, la vue de la moisson et de la vendange et du changement des saisons, la chasse, la rêverie au bord de l’eau, et, par-dessus tout, le doux sentiment du retour à la tradition de famille, à la terre qui a nourri les ancêtres et qui contient leurs cendres : le gentilhomme d’armes aspire avec force à se faire gentilhomme campagnard. Certes le parti lui coûte, et l’on devine qu’il a longuement lutté avant d’avoir étouffé son ambition, avant d’avoir écrasé tout à fait l’espérance si vivace au cœur de l’homme, et de s’être avoué définitivement vaincu.

Tel est l’état d’âme où est parvenu notre jeune héros aux environs de l’année 1618. C’est dans ces sentiments que, s’adressant, comme il est pro-