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compagnie de sa femme, le chemin de Paris, avec tous ses dossiers d’affaires,. ses baux, ses contrats, ses quittances, ses sentences du Parlement, son testament, — dans un sac de toile les pièces justificatives de sa noblesse, qu’il venait de solennellement établir, l’année précédente, devant les commissaires de Colbert, et il loua, derrière l’église Saint-Sulpice, une petite maison, rue Princesse. Au mois de janvier suivant il était réduit à vendre sa vaisselle d’argent, au prix de 4.000 livres, « pour subvenir à ses nécessités »[1], et il s’installait modestement, ne gardant de sa vie d’autrefois que son carrosse de deuil (peut-être portait-il depuis vingt ans le deuil de son fils Honorat), et deux chevaux harnachés de noir. Son goût du beau se marquait par trois vieux morceaux de tapisserie qu’il avait tendus dans sa chambre à coucher[2], dans son salon, par un petit tableau, sur bois, représentant, sous un cadre doré, « l'Adoration des trois Rois » et par une précieuse tapisserie de Flandre, de 22 mètres carrés, racontant en six pièces l'Histoire de César[3].

  1. Le ménage ne gardait que 3 fourchettes et 2 cuillers d’argent.
  2. L’ameublement personnel dans cette pièce comprenait en outre deux tables de hêtre, un petit lit à colonnes et une petite paire de chenets.
  3. Acte inédit de l’Inventaire de Racan après décès, obligeamment communiqué par M. André Lemoine. — Sans compter l’ordonnance de son château, les vieilles peintures et les vieilles tapisseries qui y sont encore et dont plusieurs doivent remonter jusqu’à lui, ce goût de Racan pour les œuvres d’art s’est encore montré par les beaux vitraux en grisaille, de l’école allemande, qui ornaient la tourelle de la Roche-Racan et qui sont maintenant entre les mains de M. Larreguy de Civrieux, à Saint-Germain-en-Laye : deux d’entre eux figurant deux des œuvres de miséricorde (la soif et l’hospitalité) ont été heureusement redroduits par les Annales fléchoises en mai 1904.