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vent nulle part, que dans le cœur de ceux qui s’y réchauffent et pour qui elles se transforment plus tard en admirables ressources de force morale. Pour notre gentilhomme, la douce tranquillité de la vie de la Roche ne fut marquée, pendant les quarante années qu’elle dura, que par la naissance de ses enfants, la composition de ses Psaumes et un malheureux héritage qui lui permit de reconstruire son château, mais lui amena jusqu’à la fin un fidèle cortège de procès indéfinis.

Racan vit naître au château de la Roche, qui prit alors le nom de la Roche-Racan, cinq enfants : trois fils et deux filles. Son fils aîné Antoine n’était « qu’un sot », au dire de Tallemant, qui brode toujours, mais n’invente jamais le fond des choses. Il fit, au moins une fois, la guerre, et probablement dans la belle campagne de Turenne sur le Rhin, en 1674 : car le 26 novembre de cette année-là, nous le trouvons, avec onze gentilshommes angevins, prisonnier du duc de Lorraine, au château d’Heppfrech, en Alsace, et négociant leur commune rançon par l’intermédiaire de leurs amis, entre autres par un petit noble d’Aubigné[1].

Le poète plaça ses deux autres fils comme pages à la cour ; malheureusement, le mieux doué d’entre eux mourut à 16 ans d’une maladie de langueur,

  1. Acte conservé dans une étude du Lude et publié par M.  l’abbé Louis Calendini dans les Annales fléchoises, de juillet-août 1908. — Ainsi, Antoine de Bueil avait peut-être conservé des relations dans le bourg natal de son père.