Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui avaient sans doute entendu le pas des chevaux, apparaissent :

— Ah ! dit-il avec son impuissance à prononcer l'r et le c, Nitolas, je te l’avais bien dit !

— Mordieu, s’écrie le valet, dépêchez-vous seulement.

Madeleine veut s’en aller, mais les autres — amies un peu jalouses peut-être, — par malice, la font avancer, prétend du moins Tallemant des Réaux.

— Mademoiselle, lui dit ce bel amoureux, c’est Nitolas qui l’a voulu. Palle poul moi, Nitolas, je ne sais que lui dile.

Et l’on entend encore à distance le triple fou rire.

Madeleine par bonheur était sérieuse au fond, et cette sotte aventure n’empêcha point le mariage. En présence de la duchesse de Bellegarde arrivée de Paris, l’on signa solennellement le contrat, qui est conservé dans une des études de notaire de la ville de Tours, et « les espouzailles furent faictes en l’église paroissiale de Rouziers », le dimanche 5 mars 1628. Racan installa sa jeune femme au château de la Roche et, après quelques jours, dut retourner au siège. Là il eut la satisfaction de recevoir son vieux maître Malherbe qui, malgré son grand âge, venait demander justice contre les meurtriers de son fils, grand duelliste, tué à la fin en duel. Mais le vieillard mourut à Paris, au retour, d’une maladie dont il avait rapporté les germes des murs de la Rochelle,