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succédant à dix générations de soldats, un poète qui chercha pendant cinquante ans à être lui-même soldat.

Son entrée en Touraine fut toute militaire : c’était, nous l’avons vu, le 20 ou le 21 février 1589. Le nouveau-né n’avait guère fait que ses treize jours dans le Maine et il arrivait, un soir, au château de la Roche-au-Majeur, paroisse de Saint-Pater, porté par sa nourrice, amené par son père, escorté par quarante gentilshommes et cent vingt mousquetaires, après avoir failli être atteint de coups de mousquet pendant une escarmouche engagée avec les Ligueurs.

En l’absence de son père, presque toujours parti en campagne, l’enfant de la Roche-au-Majeur grandit entre sa mère, sa nourrice, qui, suivant l’ancienne coutume, était restée auprès de lui, et sa sœur, plus âgée de huit ans, qu’avait eue sa mère d’un premier mariage. Il passait beaucoup d’heures sur l’admirable terrasse du château, qui existe encore aujourd’hui et qui forme si bien balcon sur la vallée : au-dessus de sa tête, il entend bruire les futaies du parc ; à quarante pieds de profondeur, il voit la petite rivière — qui se nomme l’Ecotais ou le Racan — former une chute, qui fait virer un moulin avant de baigner le pied des tours ; par toute la largeur du vallon s’étendent des prairies humides semées d’animaux qui paissent. En face, sur l’autre coteau, il aperçoit des caves tourangelles dont les ouvertures, semblables à de gros yeux, paraissent