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QUELQUES POÈTES

La lettre est signée « Racan ». Pour se distinguer de ses trois frères, suivant le constant usage de la noblesse, Louis de Bueil s’appelait, en effet, seigneur de Racan, du nom d’un moulin et d’une petite ferme qu’il avait achetés en Touraine très tôt dans sa jeunesse (et non point le jour de la naissance de son fils, comme l’a inventé Tallemant des Réaux). Ce modeste vocable devait passer par héritage au poète, qui l'allait illustrer.

En 1588 Louis de Bueil, qui avait quarante-trois ans, songeait à s’établir, non point à quitter la carrière aventureuse de la guerre et à s’enfermer dans une vie sédentaire, mais à fonder un foyer. Il obtint alors la main de Marguerite de Vendômois, fille aînée du lieutenant royal du Maine, et veuve, depuis quatre ans, de son cousin Mathurin de Vendômois, qui lui avait laissé une fille. Nous ne possédons encore que peu de renseignements sur la mère de Racan, qui plus tard supporta de grands malheurs et de durs embarras d’affaires avec douceur, semble-t-il, et résignation.

Le 18 janvier, les parents de la jeune fille envoyèrent aux deux familles des Advis pour parvenir au mariage : c’étaient les billets d’invitation de l’époque, et le 15 février eut lieu la signature du contrat, et probablement aussi la cérémonie religieuse. Les deux époux allèrent s’installer dans leur joli manoir de Champmarin, que Marguerite tenait de son premier mari, et, le 5 février 1589, leur naissait un fils. Ils le firent baptiser le 17 fé-