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digieux lyrique auprès de qui nous tous, rimeurs de la fin du xixe siècle, sommes ce que la butte Montmartre est à l’Himalaya, — et à mon cher compagnon de voyage, depuis quarante ans, sur la route de l’art, au grand poète-philosophe Sully Prudhomme, qui, après nous avoir dit, en si beaux vers, son rêve idéal de bonheur et de justice, est en proie, vers le soir de sa vie, à la souffrance la plus imméritée, et nous donne, en la supportant avec autant de douceur, un admirable exemple de courage et de résignation.

Enfin il faut noter, à titre de curiosité, le chapitre où M. Arnould a eu le caprice de tirer de l’oubli le plus ténébreux un poète-apothicaire du xvie siècle, nommé Paul Contant, qui n’eut, certes, aucun génie, mais qui, par son goût pour les collections scientifiques, apparaît comme un précurseur des Buffon et des Linné. Heureuse France du passé, où le pharmacien s’essayait timidement, dans ses loisirs, à toucher la lyre d’Apollon, sans dédaigner l’instrument de Diafoirus, et n’avait pas l’audace de saisir, comme M. Homais son successeur, la barre du gouvernail de l’État !

En terminant la lecture de cet ouvrage substantiel et brillant, où il y a beaucoup de conscience et beaucoup de charme, de ce volume de 450 pages, une pensée me hante, à la fois mélancolique et salutaire. Je songe à ces poètes d’autrefois, tels que