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QUELQUES POÈTES

Que l’on veuille bien, seulement, nous excuser si nous sommes, par force en un pareil sujet, obligé de parler de nous-même continûment.

Un jour de janvier de l’année 1891, je travaillais, solitaire, à la bibliothèque de l’Arsenal, dans une de ces salles qui furent élégamment lambrissées au 18e siècle, alors qu’on rajeunit la vieille demeure de Sully, l’ancien dépôt de notre artillerie, qui dort à présent dans le silence du quartier le plus désert de la capitale. Je m’étais plongé dans un des gros volumes de manuscrits de Conrart, car ce premier secrétaire perpétuel de l’Académie française, s’il observa en public « un silence prudent », écrivit pour lui-même, toute sa vie. Il avait la salutaire manie, dont nous sommes aujourd’hui de si nombreux tributaires, de conserver et de classer tout ce qui lui tombait sous la main : idées, faits, lettres, documents de tous genres, si bien que de ses manuscrits et de ses notes il a laissé 48 gros volumes in-4o, qui sont incessamment fouillés depuis un siècle et que l’on retrouve à l’origine de la plupart des découvertes opérées à travers notre histoire littéraire, en commençant par les belles études de Victor Cousin sur la Société du 17e siècle.

Dans un de ces volumes je lisais les anecdotes inédites de Racan sur Malherbe, que nous