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de ses bas un ruban de couleur par ordre alphabétique « amarante, bleu, cramoisi », etc… Malherbe approuve le conseil et l’exécute sur l’heure. Le lendemain, rencontrant son disciple, comme à l’ordinaire, à la table du duc de Bellegarde, au lieu de bonjour, il lui dit : « J’en ai jusqu’à L. » Tout le monde fut fort surpris, et Racan, qui n’avait jamais l’esprit très présent, eut de la peine à comprendre que le poète voulait dire qu’il avait douze bas.

Les bas de Malherbe sont pour nous une vieille connaissance. Mais voici que Conrart nous renseigne sur le haut du vêtement :

« Estant un jour… en hiver… chez Mme  Desloges… », — dans ce salon littéraire et protestant qu’il fréquentait si volontiers, — « il fit voir que les camisolles et les doublures qu’il portoit alloyent jusques au nombre de quatorze. »

Êtes-vous plus curieux encore, et tenez-vous à savoir en quoi étaient faites ces camisoles ? Sachez qu’il y en avait un certain nombre en frise, et en frise verte, l’étoffe dont il étendait, nous l’avons vu, plusieurs pièces à sa fenêtre, un jour de grand froid.

Quatorze camisoles vertes en haut, douze bas noirs… en bas, voilà qui va bien. Mais nous avons une lacune, hélas ! dans l’habillement de Malherbe, et nous ignorons jusqu’à ce jour le nombre, la nature et la couleur de… ses haut-de-chausses. Nous ne désespérons point qu’on exhume quelque jour des documents sur ce…