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Non, en vérité, ni Berthelot avec ses parodies, ni Mathurin Régnier avec ses satires, ni Desportes avec sa mauvaise humeur, aucun de ses ennemis enfin n’a réussi à faire à Malherbe un mal aussi sensible que, par ses inconscients bavardages, son disciple chéri. On n’est vraiment trahi que par les siens !

Certes, nous n’aimons pas Malherbe d’amour, mais la justice nous force à récuser un pareil témoignage, quand il s’agit de le juger ; et nous estimons qu’il serait « pourtant temps », comme dit la chanson, de s’apercevoir que c’est par la malice innocente de Racan que la mémoire de Malherbe nous arrive escortée, encombrée, étouffée, pour ainsi dire, par un monceau d’anecdotes qui n’ont presque rien à voir avec son génie, et que nous avons affaire, avec cette prétendue Vie de Malherbe, à de simples notes sans portée, à un vrai monument de naïveté, à une œuvre de reportage, comme nous dirions aujourd’hui, sincère à coup sûr, mais primitif, dans le genre de celui que pourrait faire sur son père un enfant à l’esprit simple.

Nous en avons extrait le principal pour notre étude précédente sur Malherbe. Quant au reste, contentons-nous de nous amuser de ces détails, quand ils se trouvent encore amusants, et d’en repaître notre curiosité, puisque c’est l’un des goûts de notre siècle indiscret de mettre à nu les grands hommes, et l’un des divertissements de notre époque égalitaire de surprendre à la loupe