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excite Louis XIII que lorsqu’il le prend en pitié. Le septuagénaire partit mécontent du peu de succès qu’avaient obtenu ses démarches et fatigué par les grandes chaleurs qu’il avait eu à supporter dans le camp. Il emportait de cette région fiévreuse le germe du mal auquel sa robuste constitution devait succomber.

Il tomba malade, au retour, dans sa chambre d’auberge, où il était soigné par son hôtesse, visité par son cousin Porchères d’Arbaud et son disciple Yvrande, et, sans avoir pu faire l’ode qu’il projetait sur la prise de la Rochelle, il expira douze jours avant la reddition de la place, le 6 octobre 1628. Chacun de nous n’aura-t-il pas son ode à finir au moment où la mort viendra le surprendre ?…

Malherbe mourut en grammairien, comme il avait vécu. Porchères avait tâché de le résoudre à se confesser, le malade répondit qu’il irait à Pâques. Yvrande lui adressa alors l’une de ses pieuses énigmes, qui sont d’usage auprès des mourants : « Ayant toujours fait profession de vivre comme les autres hommes, lui dit-il, il faut mourir aussi comme les autres. » Malherbe n’était pas l’homme des énigmes : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » avait-il repris, et Yvrande avait répondu avec netteté cette fois : « Quand « les autres meurent, ils se confessent, communient et reçoivent les autres sacrements de l’Église. — Vous avez raison, » lui dit simplement Malherbe, et il envoya quérir le vicaire de