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ans, à la suite de l’ambassadeur de France comte de Noailles,à voir, à boire, à écrire des lettres charmantes à Racan et à ses amis de Paris, « de la Cour des bas de soie à la Cour des bottes », et, brouillé définitivement avec Richelieu, il inscrivit sur sa porte ce quatrain mélancolique :


Las d’espérer et de me plaindre
des Muses, des grands et du sort,
c’est ici que j’attends la mort,
sans la désirer ni la craindre.

À la mort de Richelieu, Maynard, « tout chenu qu’il était », reprit plusieurs fois le chemin de Paris, où il était accueilli avec déférence par les uns, avec raillerie par les autres, comme un revenant de la cour d’Henri IV, et toujours il devait reprendre, les mains vides, le chemin des montagnes du Quercy.

Les longues déceptions de son cœur et de son ambition lui inspirèrent à la fin deux pièces, qui sont les joyaux de sa couronne poétique. Il faut lire en entier son ode à La Belle Vieille, à qui son ami Balzac avait en vain essayé de le marier :

 
… Ce n’est pas d’aujourd’hui que je suis ta conquête :
huit lustres ont suivi le jour que tu me pris,
et j’ai fidèlement aimé ta belle tête
sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris.

C’est de tes jeunes yeux que mon ardeur est née ;
c’est de leurs premiers traits que je fus abattu :
mais, tant que tu brûlas du flambeau d’Hyménée,
mon amour se cacha pour plaire à ta vertu.

… L’âme pleine d’amour et de mélancolie,
et couché sur des fleurs et sous des orangers,