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quand survint un prêtre inconnu qui dit : « Si la vie vaut quelque chose, le sauveur d’une vie possède plus l’être vivant que celui qui a tenté de le tuer. Le meurtrier abîme et détruit, le protecteur secourt ; donnez-lui l’oiseau. » Tous trouvèrent juste ce jugement, mais quand le Roi chercha le sage pour l’honorer, il avait disparu, et quelqu’un vit un serpent capelle[1] se glisser dehors ; les dieux viennent souvent sous cette forme ! C’est ainsi que notre Seigneur Bouddha commença son œuvre de miséricorde.

Cependant, il ne connaissait pas encore d’autre, douleur que celle de l’oiseau, qui, ayant été guéri, rejoignit joyeusement les siens. Mais un autre jour le Roi dit : « Viens, mon cher fils, et vois le charme du printemps, et comme la terre féconde est désireuse de produire ses richesses pour le moissonneur ; comme mon royaume — qui sera le tien, quand le bûcher flambera pour moi — nourrit toutes ses bouches, et remplit le coffre du roi. La saison est belle avec sa parure de feuilles nouvelles, de fleurs éclatantes et d’herbe verte ; écoute les cris joyeux des laboureurs. » Ainsi ils marchaient à travers un pays de sources et de jardins, et regardaient les bœufs qui parcouraient les guérets fertiles, en allongeant leurs robustes épaules sous le joug grinçant ; la terre grasse jaillissait et

  1. Appelé aussi cobra ; quand il se dresse, sa tête se dilate en forme de chaperon, ce qui lui a valu son nom portugais de cobra di capello ; il est adoré par les Hindous.