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Cette nuit-là, la femme du roi Suddhôdana, la reine Maya, endormie à côté de son Seigneur, eut un songe étrange ; elle rêva qu’une étoile du ciel, splendide, à six rayons et couleur de perle rosée, sur laquelle on voyait un éléphant armé de six défenses et blanc comme le lait de Kamadhouk[1], filait à travers l’espace et brillant en elle, entrait dans son sein du côté droit. Quand elle s’éveilla, une félicité surhumaine emplit sa poitrine, et sur la moitié de la terre une lumière délicieuse précéda l’aurore. Les puissantes montagnes tressaillirent, les vagues s’apaisèrent, toutes les fleurs qui s’ouvrent à la chaleur du jour s’épanouirent comme en plein midi, et dans les enfers les plus reculés, la joie de la reine passa comme le soleil ardent qui jette un rayon d’or dans les bois touffus, et dans toutes les profondeurs, un tendre murmure courut, disant : « Oh oui, les morts qui vont revenir à la vie, les vivants qui meurent, se lèvent, écoutent et espèrent Bouddha est arrivé ! » Une grande paix se répandit aussi dans les Limbes innombrables, le cœur du monde palpita, et un vent d’une douceur inconnue souffla sur les terres et les mers. Et quand le matin parut et que cela fut raconté, les vieux devins à cheveux gris dirent : « Le rêve est bon. Le Cancer est en conjonction avec le soleil ; la

  1. Vache fabuleuse, dont le lait entre dans la composition de Vamrîta, nectar des dieux hindous.