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été enseignée puisqu’elle s’étend non seulement à tous les hommes mais aux animaux.

D’autre part, à l’élite susceptible d’une culture plus haute, il a indiqué une méthode destinée à développer la vie intérieure « la pensée désintéressée, impersonnelle et universelle » qui, contemplant le monde sous l’aspect d’éternité, reconnaît son unité dans les formes transitoires, vagues un instant soulevées sur l’océan sans bornes de l’existence, et se hausse ainsi jusqu’à la raison pure et à la moralité absolue, puis aide les autres à atteindre ce but suprême.

Telle est, dans ses grandes lignes, cette noble doctrine, expression la plus expansive de l’antique sagesse hindoue qui, entrevue jadis par Platon et Pythagore, révélée plus complètement à l’Europe à la fin du siècle dernier, adoptée, développée et répandue par les grands métaphysiciens allemands rénovateurs de la philosophie occidentale, a, suivant la prédiction d’un des plus illustres d’entre eux[1] « transformé de fond en comble notre savoir et notre pensée ».

Et de fait, un observateur clairvoyant[2] le constatait naguère : « l’examen attentif de l’esprit contemporain

  1. Schopenhauer. Le monde comme volonté et comme représentation, p. 374. (Trad. Burdeau.)
  2. M. de Vogüé. Regards historiques et littéraires.