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de plusieurs voitures peintes en noir, destinées aux parens et autres personnes du cortège. Les vingt-quatre heures écoulées, on vient prendre le cercueil placé sous la principale porte de la maison, ou à l’entrée des appartemens, et on le porte sur le corbillard. Le cortège se met en mouvement ; un commissaire des convois marche immédiatement après le corbillard, tenant à la main une baguette d’ébène, à une extrémité de laquelle est un pommeau d’ivoire. Les quatre porteurs marchent de chaque côté du corbillard. Le commissaire est suivi des proches parens qui ouvrent le deuil, et de tous ceux qu’on a invites à la cérémonie. Si le mort est de la religion catholique, on le transporte à l’église de sa paroisse, où l’on observe à son égard les cérémonies que nous avons décrites plus haut, après que le clergé est venu le recevoir à la porte. S’il est protestant, on le porte au temple de son arrondissement, où le ministre prononce son éloge funèbre, et adresse en même temps aux assistans des réflexions qui lui sont dictées par la circonstance. Les cérémonies religieuses achevées, tout le cortège prend le chemin du cimetière où le mort doit être enterré. Il est aujourd’hui assez ordinaire qu’une partie du clergé et le confesseur du mort l’accompagnent jusqu’à sa dernière demeure, si toutefois ses héritiers veulent faire cette dépense.

Lorsque le convoi est arrivé au cimetière, on dépose aussitôt le cercueil dans la fosse qui a été creusée pour lui, si les parens en ont fait l’acquisition de la préfecture du département. Le célébrant lui jette de l’eau bénite, et prononce quelques oraisons ; ensuite un parent ou un ami rappelle aux assistans, dans un discours, les bonnes actions et les vertus du mort. Les cérémonies terminées, les fossoyeurs couvrent le cercueil de terre, comblent la fosse, et chacun se retire chez soi. Le plus souvent les morts sont inhumés dans la fosse commune, sans prêtre et sans oraison funèbre ; et la tristesse des assistans est la seule chose qui indique qu’ils ont appartenu à l’humanité et au christianisme.