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y être inhumé s’il est riche, ou, s’il est pauvre ou dans un état de mendicité, on le transporte au cimetière. Le convoi est composé d’imans qui marchent les premiers : ils sont suivis des parens et des amis du mort. Le cortège arrivé dans l’enceinte destinée aux sépultures, on descend le cercueil dans la fosse, avec quelques sentences de l’alcoran, après que les imans lui ont fait les prières accoutumées. On n’y jette point la terre immédiatement, de crainte que son poids n’incommode le défunt. On pose une pierre sous la tête du mort pour la commodité de l’ange qui doit examiner sa vie, et pour lui donner un peu d’air on pose en travers de longues pierres qui forment une espèce de voûte sur le cadavre, en sorte qu’il est enfermé comme dans un coffre : on place ordinairement sur la tombe quelques attributs qui désignent la profession de celui qui y est inhumé. L’enterrement achevé, ses parens et ses amis viennent pendant plusieurs jours prier Dieu sur son tombeau. Le vendredi ils lui apportent à boire et à manger, et ces mets servent à la subsistance des pauvres, et même des animaux. Il est rare qu’un riche Mahométan meurt sans avoir fait quelque pieux legs pour lui servir de passe-port dans la vie future. L’un fonde une mosquée, l’autre un caravanserai pour loger gratuitement les voyageurs ; un autre ordonne des aumônes, etc.

En Turquie, il n’y a personne dont ce soit le métier de porter un corps mort au tombeau. Ce dernier devoir regarde ses voisins ou ses domestiques. La coutume est de porter le cercueil jusqu’à ce que quelqu’un présente l’épaule. La charité mahométane prescrit à celui qui rencontre un convoi, de porter la bière l’espace de dix pas au moins. Il n’est pas rare de voir des personnes de distinction descendre de cheval pour s’acquitter de cet office, et y remonter ensuite. On n’enterre jamais dans les mosquées, parce qu’on croit que les corps morts rendent impurs les endroits où on les dépose.

En pénétrant plus avant dans l’orient, on trouve un peuple célèbre par son antiquité. Les connaissances qu’on lui attribue,