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livré les tombeaux, foulé aux pieds et jeté au hasard les tristes dépouilles de vos aïeux, retirez-vous au fond de la Barbarie ! là, vous puiserez dans l’expérience, des principes que vous avez dédaigné de recevoir et d’adopter chez un peuple policé qui a eu le malheur de vous voir naître dans son sein, et de vous compter trop long-temps au nombre de ses membres.

Maintenant jetons un coup d’œil sur ce peuple jadis conquérant, l’effroi de l’ancien monde, et dont les opinions ayant prévalu sur une très-grande partie du globe, l’entretiennent encore dans l’ignorance et la stupidité. Personne n’ignore l’attachement des sectateurs de Mahomet à leurs principes religieux, regardant ce monde comme un caravenserai ou une hôtellerie où l’homme ne fait que séjourner, comme en passant : toutes leurs vues ne se tournent que vers cet autre monde, où les gens de bien boiront à longs traits dans la coupe inépuisable de la volupté, et où les méchans seront punis selon le degré de leur perversité. Rien d’étonnant dès lors dans les soins qu’ils se donnent pour ensevelir les morts, dans l’appareil de leurs convois, et leur respect pour les tombeaux.

Dès qu’un Mahométan est mort, on invoque sur lui le dieu de miséricorde, on lave son corps, on brûle des parfums pour chasser le diable et les mauvais esprits, on l’enveloppe dans un suaire de manière cependant qu’il puisse se mettre à genoux pour subir son jugement dans l’autre monde. Cette cérémonie est toujours accompagnée des lamentations, et des cris des femmes qui commencent le deuil, et annoncent une mort aux voisins.

L’opinion où sont les Mahométans que l’ame se rend la première au lieu de la sépulture, a introduit parmi eux l’abus des inhumations précipitées, dans l’idée que l’ame est dans un état de langueur étant séparée du corps. Ainsi, dès que le défunt est enseveli, et que le deuil que l’on fait autour de lui est fini, on le porte sur les épaules, ou à la mosquée pour