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sur un bûcher formé de pièces de bois aisé à s’enflammer, tel que l’if, le pin, le mélèze ; on le plaçait sur ce bûcher, vêtu de sa robe, ensuite on l’arrosait de liqueurs précieuses et odoriférantes, et on lui mettait dans la bouche une pièce de monnaie qu’il devait donner à Caron pour payer son passage au delà du Styx. Ensuite, les plus proches parens, tenant derrière eux un flambeau, et tournant le dos au bûcher, y mettaient le feu : lorsque la flamme commençait à s’élever, on y jetait les habits, les armes et autres effets du défunt, et tout ce qui lui avait été cher pendant sa vie. On immolait des bœufs, des taureaux, des moutons, qu’on livrait aussi aux flammes.

Lorsque le corps était brûlé, l’on renfermait soigneusement dans une urne, ses cendres et ses os, après les avoir lavés avec du lait et du vin. Le sacrificateur trempait des branches d’olivier dans l’eau lustrale, et en arrosait les assistans. Après cette cérémonie, une pleureuse disait à haute voix : I, licet. « Allez-vous-en, il vous est permis. » Alors, tous les assistans faisaient au défunt le dernier adieu, lui promettant de le rejoindre quand le destin aurait marqué leur dernière heure.

Les funérailles se terminaient ordinairement par un souper auquel étaient invités les parens et les amis du mort. Neuf jours après on faisait un autre festin, nommé le grand souper ; on y quittait les vêtemens noirs pour en prendre de blancs.

Les urnes dans lesquelles on renfermait les cendres et les os étaient de matière différente. Il y en avait de cuivre, d’or, d’argent, d’albâtre, de porphyre, de marbre et de terre cuite. On les chargeait plus ou moins d’ornemens de sculpture, d’inscriptions et d’épitaphes, selon l’opulence et la qualité des morts. On les plaçait dans des souterrains, et on les rangeait dans plusieurs niches disposées les unes sur les autres. Dans ces urnes cinéraires on mettait ordinairement de petites fioles de terre cuite ou de verre qui renfermaient les larmes que les pleureuses publiques et les parens versaient en abondance,