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le portait sur le bûcher. On le lavait avec de l’eau chaude, on le parfumait, et on lui mettait une robe blanche. Dans cet état, on le plaçait sur le seuil de la porte, les pieds tournés du côté de la rue ; et en signe de deuil on plantait un cyprès au-devant de la maison. Le mort restait ainsi exposé l’espace de sept jours, pendant lesquels les parens allaient dans le temple de la déesse Libitine acheter tous les objets nécessaires aux funérailles. Les sept jours étant écoulés, le corps était porté au bûcher si le défunt avait demandé d’être brûlé, ou bien au lieu de la sépulture s’il avait demandé à être inhumé.

Le convoi marchait avec un appareil lugubre, et le mort était porté, dans un cercueil découvert, par ses parens ou des gens qui remplissaient cette fonction. Si le défunt était un personnage grand, distingué ou remarquable par les emplois qu’il avait occupes où les services par lesquels il s’était distingué envers sa patrie, les sénateurs et les magistrats lui rendaient eux-mêmes ce devoir. Il était placé sur un lit orné de drap de pourpre, et on portait devant les marques de sa dignité, les dépouilles qu’il avait remportées sur l’ennemi, les images en cire de ses ancêtres, en un mot, tous les monumens de sa gloire. Ses affranchis, ses parens, ses amis et ses enfans, suivaient le lit funèbre. La marche commençait par un trompette et par les joueurs de flûtes, suivis d’un certain nombre de gens qui portaient des torches allumées : auprès du corps était un homme qui contrefaisait toutes les manières du défunt, et le cortège était fermé par des filles vêtues de blanc, qui avaient les cheveux épars, les pieds nus, et par des femmes gagées qui faisaient retentir l’air de leurs lamentations, et qui chantaient en pleurant les louanges du défunt.

Le convoi s’arrêtait dans la grande place de Rome, si le défunt était une personne de distinction, et là un de ses parens ou amis prononçait son éloge funèbre ; après quoi on se rendait au champ de Mars, où le corps devait être consumé