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sycomores, où l’on trouve un grand nombre de sépultures ; c’est le lieu le plus élevé de tout Mont-Louis. On se dirige ensuite à l’est, vers un bosquet où la colline commence à s’incliner. Là est un petit plateau que l’on nommait autrefois le Belvédère : il forme un carré ombragé de huit tilleuls, se trouve dans la plus belle situation, et avoisine un petit bosquet charmant qui retentit des sons mélodieux du rossignol. C’est sous l’ombrage de ces tilleuls que s’élève un beau sarcophage sous lequel reposent les restes du ministre Mestrezat. Près de là une simple pierre, légèrement inclinée, couvre la dépouille de madame Cottin, née Sophie Risteau, célébre par ses romans. Cet emplacement paraît avoir été choisi par les chrétiens de la religion réformée pour la sépulture de leurs païens ou de leurs amis. Il faut se reposer là quelques instans pour jouir du beau coup d’œil que présentent les vastes campagnes qui s’étendent à l’orient. La vue se porte d’abord sur une vaste plaine décorée de tous les charmes d’une belle nature, à laquelle l’art n’a prescrit aucune borne, et ouverte sans cesse à la curiosité du voyageur. De là l’on voit sur la gauche et dans le lointain les tours crénelées, la chapelle et le donjon de l’antique château de Vincennes[1].

On se détourne vers le midi, et l’on porte ses pas vers les catacombes de la famille Jacques de Lépine ; ensuite l’on revient sur le coteau que l’on remonte, et l’on suit la sommité jusqu’au plateau, ombragé, dans toute sa longueur par un double rang de tilleuls, que l’on nomme l’allée de Vincennes. Sous ce long et large berceau de verdure, où le calme et l’ombre vous invitent à une profonde méditation, plusieurs familles ont fait construire des caveaux où l’on remarque entre les monumens érigés, à son extrémité orientale, celui de la famille Jacquemart, dont la prévoyance de l’archi-

  1. Cette forteresse, dont il est beaucoup parlé dans l’histoire, sert actuellement d’arsenal ; et son donjon de prison d’état. Plusieurs régimens y sont casernés.