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souffrir sans emotion, que vous taschiez d’en renverser l’un des principaux fondemens, et que vous parliez avec autant de chaleur contre ceux, qui par une grace particuliere de Dieu, pensans serieusement à se relever de leurs cheutes, et à se guerir de leurs blessures, voudroient prendre quelques jours , et si ce n’est assez quelques mois, pour faire penitence avant que de communier, que s’il s’agissoit de deraciner l’un des plus grands abus de ce siecle. Que si je ne me sentois emeü à apporter plûtost quelque éclaircissement à la verité, qu’à parler contre vos excez, n’aurois-je pas raison de vous reprocher en cét endroit le tort extréme que vous faites à l’eglise, en voulant persuader, que ce que la foy nous propose comme l’unique ressource des pecheurs apres leur cheute, comme la seconde table apres le naufrage, comme le seul moyen d’appaiser la cholere d’un dieu irrité, comme la joye du ciel, et la consolation de la terre, est tellement aboli dans le cœur des chrestiens, que ses plus saints exercices peuvent passer aujourdhuy pour des actions criminelles ? Mais pour ne sortir point des bornes, que je me suis moy-mesme prescrittes, et demesler avec quelque ordre ce que vous proposez avec tant de confusion, s’agissant icy de sçavoir s’il est meilleur et plus profitable aux ames qui se sentent coupables des pechez mortels, de com-