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estre en la conduite des ames, si l’on n’a beaucoup de science de cét art divin : de sorte, que l’une de ces conditions regle l’autre ; et par consequent, s’il doit avoir plenitude de charité, il doit aussi avoir plenitude de science et de prudence, comme ce saint prelat le desire. Ce qui est si veritable, qu’on peut dire que celuy qui est capable de bien conduire une ame, est capable d’en conduire plusieurs : comme celuy qui avoit paru bon conducteur d’une famille, estoit presumé par les apostres capable de conduire toute une eglise, où il y avoit quantité d’ames et de familles à gouverner. Et c’est pourquoy celuy qui a dit, qu’il est plus difficile de gouverner une ame qu’un monde, a rencontré une verité, que l’analogie de la raison et de la foy confirmée par l’autorité des anciens peres, fera confesser à tout homme, qui sçaura quelle difference il y a entre le corps et les ames ; et que l’excellence qu’a la grace de Jesus-Christ par dessus l’ame (qui ne vit que par elle) est incomparablement plus grande, que celle qu’a l’ame par dessus le corps. Ce qui a fait escrire aux deux grands Saints Gregoires avec beaucoup de raison, que la conduite des ames est le plus excellent et le plus difficile de tous les arts.