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renvoyer ses oncles, et, peu de temps après, pour décider la guerre malgré eux. En cette même année 1889, enfin, il entreprend et exécute son grand voyage dans le midi de la France. Il y a mieux. Pour prouver que la phrase « à peine accoustumé au sable des tournois » a bien été inspirée par l’attitude de Charles VI au tournoi de Saint-Pol, M, Dezeimeris cite cette phrase de Froissart : « Le premier jour de ces joutes, il y avoit trop de poussière ; le roi ordonna qu’on y pourveust ; si furent pris deux cents porteurs d’eau qu’arrosèrent la place et amoindrirent grandement la poudrière. Mais nonobstant les porteurs d’eau, encore y en eust-il assez. » (Froissart, t. III, p. 10, édition du Panthéon littéraire). Et M. Dezeimeris ajoute (p. 18-19) : « l’arrosage de la lice de l’hôtel des joyeux esbattements montre que cela s’arrangeait à l’eau de rose, pour le plaisir de la reine et des femmelettes de la cour. » Très ingénieux ! Seulement, il y a un malheur, c’est que les joutes durèrent quatre jours, le mardi, le mercredi, le jeudi et le vendredi ; or, c’est à partir du second jour, du mercredi, que l’on arrosa la lice, pour satisfaire aux réclamations des jouteurs des jours suivants, et c’est le mardi que le roi avait jouté ; le mardi, en pleine poussière (poussière si forte que les concurrents ne voulurent pas s’y exposer) ; c’est le mardi, veille de l’arrosage, que le roi s’était comporté si brillamment et avait obtenu le prix. Qui nous apprend cela ? Mais c’est Froissart, dans cette page même où se lit la phrase citée par M. Dezeimeris. Celui-ci a bien lu les dix dernières lignes de cette page ; elles lui ont permis d’observer que le sable des tournois gênait les jouteurs, que ceux-ci ont demandé à en être débarrassés, ce qui préparait admirablement la conclusion sur les tournois a à l’eau de rose » ; mais il n’a pas lu le commencement de la même page, où Froissart explique que « le roi de France, tout appareillé pour jouter, lequel métier il faisait moult volontiers, entra dans le champ et commencèrent les joutes et esbattements grands et roides ». Il n’a pas lu la page immédiatement précédente où le chroniqueur marque très nettement encore que c’est bien ce jour, mardi, « que jouta le roi, comme les autres forains pour conquérir le prix par armes ».