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PRÉFACE

elle aura frappé le lecteur avant qu’il ait achevé le poëme.

On a critiqué dans les poëmes d’Homère, de Virgile, de Milton, du Tasse, et du Camoëns, ces dieux s’enivrant, et riant de la mauvaise grâce dont Vulcain leur sert à boire ; ces harpies enlevant le dîner des héros troyens ; de vieux vaisseaux se changeant en jeunes nymphes ; Diane donnant des soufflets à Vénus ; Mars qui, renversé, couvre neuf arpents de son corps ; des chevaux qui parlent et qui pleurent ; Jupiter menaçant Junon de la suspendre dans les airs avec une enclume à chaque pied ; un ange qui coupe en deux un diable, et les deux parties du diable qui se réunissent ; des princes changés en

    savent par cœur les vers de Caldéron et du Camoëns ; Shakespear est autant admiré par le peuple en Angleterre, que par la classe supérieure ; des poëmes de Goethe et de Burger sont mis en musique, et vous les entendez répéter des bords du Rhin jusqu’à la Baltique ; nos poëtes français sont admirés par tout ce qu’il y a d’esprits cultivés chez nous, et dans le reste de l’Europe ; mais ils sont tout-à-fait inconnus aux gens du peuple, et aux bourgeois même des villes ; parce que les arts en France ne sont pas, comme ailleurs, natifs du pays même où leurs beauté se développent. » (De l’Allemagne, t. I, p. 275)