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PRÉFACE

d’intérêt ; mais si j’ai plu aux âmes sensibles ; si mon poëme, lu par toutes les classes de la société, peut les intéresser toutes, et devenir national ; si j’ai pour moi les cœurs qui, dévoués à la patrie, aiment à l’entendre louer, je n’aurai plus rien à désirer.

« Le secret est d’abord de plaire et de toucher. »

Tel fut mon principal désir, tel est le but de mes travaux[1]. Quant à la morale de l’ouvrage,

  1. Madame de Staël, dont on ne peut contester le génie et la profondeur des pensées, parlant des épopées antiques, et de leur simplicité, conseille surtout aux poëtes épiques modernes de ne point chercher à les imiter, s’ils veulent plaire à leur siècle, et l’intéresser. « La littérature des anciens, dit-elle, est chez les modernes une littérature transplantée : la littérature chevaleresque est chez nous indigène, et c’est notre religion et nos institutions qui l’ont fait éclore. Les écrivains imitateurs des anciens se sont soumis aux règles du goût le plus sévère ; car, ne pouvant consulter ni leur propre nature, ni leurs propres souvenirs, il a fallu qu’ils se conformassent aux mois d’après lesquelles les chefs d’œuvre des anciens peuvent être adaptés à notre goût ; bien que toutes les circonstances politiques et religieuses, qui ont donné le jour à ces chefs-d’œuvre, soient changées ; mais ces poésies d’après l’antique, quelque parfaites qu’elles soient, sont rarement populaires parce qu’elles ne tiennent dans le temps actuel à rien de national. La poésie française étant la plus classique de toutes les poésies modernes, est la seule qui ne soit pas répandue parmi le peuple. Les stances du Tasse sont chantées par tes gondoliers de Venise ; les Espagnols et les Portugais de toutes les classes