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l’unité du monde. Mais d’un autre côté, ils sont eux-mêmes des causes finales dans une sphère inférieure ; ils sont le but d’autres mouvements, le bien d’autres êtres, et à leur diversité tient la diversité des mouvements de la nature. Il y a dans l’univers une chaîne continue de mouvements, qui tous s’engendrent les uns les autres, qui tous peuvent se ramener en dernière analyse au moteur unique comme à leur principe suprême.

Ce n’est point par delà les bornes de l’univers, que se pense éternellement la pensée divine ; le dieu d’Aristote, pour nous servir d’une expression célèbre, n’est point un roi solitaire, abîmé dans le néant de l’absolue existence. Il est le Dieu du monde ; le monde tout entier est suspendu au moteur immobile. Le mouvement des êtres est une perpétuelle aspiration vers Dieu, source éternelle de l’amour, seul intelligible et seul désirable. La nature tend de toutes ses puissances au bien suprême ; elle tressaille éternellement, si l’on ose ainsi dire, à la présence de l’être aimé. L’harmonie du monde part de Dieu, et c’est à Dieu qu’elle vient aboutir. Dieu est le principe et la fin de toutes choses. Le monde n’est point un empire mal réglé ; ce n’est pas une sorte de poème tout en épisodes, dit Aristote, ce n’est pas une mauvaise tragédie, dit-il encore, et par là il entend une tragédie sans unité. Il en est du bien dans le monde, suivant Aristote ; comme du bien dans une armée : c’est à la fois et l’ordre qui règne dans l’armée et le général qui la commande. Ainsi le bien est partout dans l’univers ; il en est l’unité, le plan régulier, l’éternelle harmonie. Dieu est