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plet ; et encore leur opinion se ressent-elle de cette incertitude qui est toujours le caractère des premiers développements de la raison. Les Pythagoriciens négligent les indications des sens auxquelles s’étaient arrêtés les Ioniens, et s’élèvent tout d’abord aux notions rationnelles d’ordre, d’harmonie ; ils prennent pour point de départ les idées les plus exactes auxquelles l’homme puisse arriver, les idées de nombre, qui leur paraissent la règle la plus sûre de la connaissance[1], et, portant ensuite leurs regards sur l’univers, ils expliquent tous les phénomènes au moyen de ces idées. Cette méthode n’est pas la meilleure : il est dangereux de se placer de prime-abord au sommet de la science, pour descendre ensuite aux degrés inférieurs ; cependant on ne peut nier qu’il n’y ait là un progrès remarquable. L’esprit humain était définitivement affranchi des liens de la matière, et l’ontologie entrait dans sa véritable voie. Bien des obscurités enveloppaient cette théorie des nombres, mais elle portait en elle un germe fécond que devait développer l’avenir, et Platon ne fit que continuer l’œuvre des Pythagoriciens, en l’agrandissant.

Les Pythagoriciens, nourris dans l’étude des mathématiques, frappés d’un autre côté par les rapports qui existent entre les nombres et l’harmonie du monde, firent du nombre le principe de tous les êtres. Pour eux le nombre est principe à un double titre ; il est d’abord la matière, l’élément intégrant des objets, il en est encore l’exemplaire, la forme, il est enfin la cause

  1. Philolaus apud Stob. Ecl., I, 6, p. 456.