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puissance. La volonté est dans l’agent le principe de toute pratique : c’est la même chose qui est l’objet de l’action et celui du choix. Si donc toute conception intellectuelle a en vue ou la pratique, ou la création, ou la théorie[1], la Physique sera une science théorétique,

  1. Πρακτική, ποιητική, θεωρητική. M. Ravaisson a mis dans tout son jour cette distinction des trois points de vue de la science. Il établit ainsi leur relation : « Ce que l’on connaît le mieux c’est ce qu’on a fait : la science poétique doit être le premier sujet de notre étude. « La science pratique exige une maturité et une réflexion supérieures ; mais elle est plus facile encore et plus claire que la spéculation, où l’obscurité augmente en raison de la profondeur. Poétique, pratique, spéculation, voilà donc l’ordre chronologique. Mais d’un autre côté, la science poétique a son principe dans la science pratique ; car l’art se propose un but, une fin, et la science pratique est la science des fins. À son tour, la pratique n’a son principe que dans la spéculation ; car si la raison pratique détermine le but, c’est d’abord la pensée qui le conçoit. De la sorte, la science spéculative est la première dans l’ordre scientifique ; la pratique vient ensuite, et au dernier rang la poétique. L’ordre logique et l’ordre historique sont donc ici en sens contraire l’un de l’autre. » T. I, p. 251-52. — Après ces considérations générales, appuyées sur les témoignages d’Aristote lui-même, M. Ravaisson détermine le nombre des sciences tant théorétiques que pratiques, ou poétiques, toujours sur l’autorité d’Aristote, et leurs divers rapports. Voici l’énumération qu’il en a donnée. Les sciences poétiques sont, dans l’ordre logique : la Dialectique, la Rhétorique, la Poétique ; les sciences pratiques : la Politique, l’Économique et la Morale ; les sciences théorétiques : la Théologie, la Physique et les Mathématiques. — Du reste, nous faisons observer que dans le passage qui nous occupe, les mots ἐπιστήμη ποιητική ont un sens très général, et désignent évidemment l’art dans toutes ses acceptions, la Statuaire, la Musique, tout aussi bien que la Dialectique, ou la Rhétorique, ou la Poétique. C’est pour cela qu’à l’expression trop particulière Science poétique, nous avons préféré cette autre plus générale : Science créatrice.