Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/360

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXIII.

La Possession[1] s’exprime de plusieurs manières. D’abord elle indique ce qui imprime une action en vertu de sa nature ou d’un effet propre : ainsi on dit que la fièvre tient l’homme, que le tyran tient la ville, que ceux qui sont vêtus ont leur vêtement. Elle s’entend aussi de l’objet qui subit l’action : par exemple, l’airain a la forme d’une statue, le corps a la maladie ; puis de ce qui enveloppe par rapport à ce qui est enveloppé, car l’objet qui en enveloppe un autre le contient. Nous disons : le vase contient le liquide, la ville contient les hommes, le vaisseau les matelots ; de même encore le tout contient les parties. Ce qui empêche un être de se mouvoir ou d’agir selon sa tendance, retient cet être. C’est dans ce sens que l’on dit que les colonnes soutiennent les masses qui les surmontent ; qu’Atlas, comme s’expriment les poètes, soutient le ciel. Sans soutien, il tomberait sur la terre, ainsi qu’on le prétend dans quelques systèmes de physique. C’est encore dans le même sens que l’on applique le mot tenir à ce qui retient les objets ; sans cela ils se sépareraient en vertu de leur force propre. Enfin, le

  1. Ἔχειν. Aristote n’énumère dans les Catégories que les acceptions les plus usuelles de ce mot. Il dit lui-même qu’il n’a probablement pas épuisé la question. Et en effet, plusieurs des exemples qu’il va citer, ne s’y rencontrent pas. Voyez Categ., 15.Sub fin.Bekk., p. 15.