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le principe de toutes les sciences, ce en vue de quoi agit toute intelligence, toute nature, cette cause que nous rangeons parmi les premiers principes, les idées ne l’atteignent nullement. Mais les mathématiques sont devenues toute la philosophie d’aujourd’hui, bien qu’on dise qu’il ne faut s’en occuper qu’en vue des autres choses[1]. Ensuite, ce que les mathématiciens admettent comme la substance des êtres, on pourrait le regarder comme une substance purement mathématique, comme un attribut, une différence de la substance ou de la matière, plutôt que comme la matière elle-même. Voilà ce qu’est le grand et le petit. C’est à cela que revient aussi cette opinion des Physiciens que le rare et le dense sont les premières différences du sujet. Ce n’est là, en effet, que du plus et du moins[2]. Et pour parler du mouvement, si c’est le plus et le moins qui le constituent, il est clair que les idées seront en mouvement : sinon, d’où est venu le mouvement ? Supposer l’immobilité des idées, c’est supprimer toute étude de la nature. [3].

Une chose qui semble plus facile à démontrer, c’est que tout est un ; et cependant cette doctrine n’y parvient pas. Car il résulte de l’explication, non pas que tout est un, mais que l’unité en soi est tout, si l’on accorde toutefois qu’elle est tout : or, cela même, on ne le peut, à moins qu’on ne reconnaisse l’existence

  1. Allusion aux doctrines de Speusippe, d’Eudoxe, et des autres platoniciens, qui étaient revenus presque au système de Pythagore.
  2. Ὑπεροχή τις καὶ ἔλλειψις, l’excès et le manque, le défaut.
  3. Aristote définit la physique, la science des êtres susceptibles de mouvement. Voyez notamment liv. VI, 1 ; et Phys. auscult. passim.